« Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que condamner un innocent », Zadig, Voltaire (1747).
Depuis la période révolutionnaire, quantités de débats et de propositions concernant la peine de mort et son abrogation se sont faits jour, et ce jusqu'à la dernière condamnation à mort en France, en 1977, puis l'abrogation effective de cette peine, en 1981.
Publié en 1764, Des délits et des peines, de Cesare Beccaria, déclenche une réforme profonde des institutions répressives. Mettant en doute la légitimité de la peine de mort, l’ouvrage devient le socle fondateur de la pensée abolitionniste. Enrichi par Diderot, il a une grande influence qui se traduit dans la législation royale : sous Louis XVI, en 1780, la question préalable infligée à tout condamné avant exécution est supprimée, l’élargissement du droit de grâce et la réduction des condamnations à mort sont annoncés le 1er mai 1788.
La peine de mort, jusqu’alors largement acceptée pour sa fonction d’exemple, disparait progressivement et la liste des crimes qui l’entraine est de plus en plus restreinte. L’Assemblée nationale constituante (1789-1791) décide le maintien des exécutions, mais abolit la torture comme mode d’exécution des peines criminelles et réduit de 115 à 32 les cas possibles de cette peine. Ainsi le simple vol n’est plus passible de peine de mort. Néanmoins, en 1810, le code pénal maintient la peine de mort (tout condamné à mort aura la tête tranchée) et en étend le domaine d’application (39 cas).
La question de l’abolition reste néanmoins lancinante. Ainsi, en 1848, un décret du gouvernement provisoire abolit la peine de mort en matière politique, mais rejette plusieurs amendements pour une abolition totale, invoquant la protection de la société. De nouveau, en 1906, sous la présidence d’Armand Fallières, un grand débat consacré à la peine de mort se déroule sur deux ans avec un projet de loi pour son abolition déposé au Parlement. Mais à la suite d’une grâce présidentielle en faveur d’un auteur d’un crime atroce qui déclenche un mouvement d’opinion favorable à la peine de mort, son maintien est voté par la Chambre.
Entre 1919 et 1962, douze propositions de loi abolitionnistes sont déposées, mais la peine de mort n’est plus abordée lors des débats parlementaires.
Relancé en 1962, le débat sur l’abolition fédère 82 parlementaires d’appartenance différentes et des propositions sont déposées régulièrement jusqu’à l’adoption le 18 septembre 1981 par l’Assemblée nationale et le 30 septembre par le Sénat d’un projet de loi pour l’abolition de la peine de mort, contre l’opinion publique qui lui reste favorable à 62 %. Il est porté par Robert Badinter, garde des Sceaux et ministre de la Justice du gouvernement de François Mitterrand. La loi est publiée le 10 octobre 1981.
À Privas, le dernier condamné à mort est Georges Rey, 27 ans, natif de Saint-Martin-de-Valamas condamné à la peine de mort à la majorité du jury, par arrêt de la cour d’assises de l’Ardèche en date du 11 mai 1948, pour assassinat, vol qualifié et incendie volontaire au Cheylard.
Son recours en grâce rejeté le 9 décembre 1948, il est exécuté le 14 décembre dans la cour de la maison d’arrêt de Privas à 7 h 20 et inhumé dans le cimetière municipal. Selon la presse, il accepta d'écouter l'aumônier, mais refusa la cigarette et le rhum qui lui avaient été proposés.