Dans les archives communales de Marcols-les-Eaux ...
Le recrutement militaire de la classe de 1905
Chaque année, le maire de Marcols est tenu de recenser en vue de leur service militaire l’ensemble des jeunes hommes nés sur le territoire de sa commune et allant atteindre l’âge de vingt ans au cours de l’année. Pour cela, il échange avec les maires d’Ardèche, de France et de Navarre, pour vérifier que ceux qui n’habitent plus Marcols seront bien recensés sur leur nouveau lieu de résidence.
Un grain de sable qui suscite l’interrogation du maire ...
Mais se présente à lui un cas bien particulier : un jeune Marcolais né en 1885 est désormais aux Etats-Unis. D’où la présente lettre, dont nous pouvons retracer le parcours, qui n’est plus adressée à ses homologues mais au préfet lui-même. D’abord, la lettre soigneusement écrite par le secrétaire de la mairie le 11 janvier 1905 est signée par le maire et validée par l’apposition du timbre humide de la mairie (à l’imitation des monnaies et sceaux de l’ancienne France) on y voit la République siégeant en majesté et à l’entour l’inscription en lettres capitales « Mairie de Marcols (Ardèche) ». Puis, la préfecture en accuse réception le 12 janvier en y apposant son timbre humide (dans la partie supérieure). Enfin, le 13 janvier, la réponse dans la marge gauche du secrétaire général (bras droit du préfet à la tête de l’ensemble des services de la préfecture) qui signe par délégation du préfet (comme le signale la formule « Pour le Préfet »).
... et qui laisse entrevoir les bribes d’un destin pas comme les autres
Ce qui suscite l’interrogation du maire est le départ pour la région de Pittsburgh (Pennsylvanie) du jeune Charles Marius Nury quelques années auparavant. Les renseignements recueillis par le maire auprès de sa famille nous informe qu’il y est mineur, sans doute de charbon, et que d’autres Marcolais sont avec lui. Mais ni ces derniers, ni sa famille, ne savent ce qu’il est devenu au point que l’idée court qu’il est devenu citoyen américain. Si certains Ardéchois rentreront au pays, il semble que Charles n’ait jamais pris le chemin du retour, comme en témoigne son matricule militaire vierge de toute incorporation dans l’armée.