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Le 16/04/2020 Actualités courantes
Un des grands classiques de la littérature ardéchoise est l’Album du Vivarais ou itinéraire historique et descriptif de cette ancienne province. Publié en 1842, il est dans la mouvance de nombreuses publications qui vont à la découverte des territoires français aussi bien géographiquement qu’historiquement. De nouvelles conditions socio-économiques avec la révolution industrielle et le développement du chemin de fer conduisent à de nouvelles pratiques socio-culturelles : éveil de sentiments identitaires, nationaux et régionaux ; quête des racines culturelles et paysagères ; rejet de la grande ville et célébration de la campagne et de la nature. L’album du Vivarais propose des images bien-sûr, mais il offre aussi des textes sur l’histoire et la géographie du territoire. Le tourisme est à ses balbutiements et cet album pourrait inciter la bourgeoisie à la découverte de l’Ardèche.
Album du Vivarais, ou Itinéraire historique et descriptif de cette ancienne province / M. Albert Du Boys. lithogr. de Victor Cassien, Grenoble, Prudhomme, 1842. 271 p. 40 p. de pl. ; 30 cm.
Les Archives départementales de l’Ardèche en conservent 3 exemplaires.
BIB-4 1034 n’est pas complet, il manque la planche de Lalouvesc.
BIB-4 997 n’est pas complet également.
BIB-FA 2 est complet et provient de la bibliothèque de l’Abbé Pierre Arnaud (1905-1971).
De nombreuses fois réédité sous forme de fac-similé, c’est un ouvrage très recherché par les collectionneurs. Bel objet, in-quarto de 30 cm, il contient 271 pages avec 40 planches illustrées disposées après les textes. Edité en 1842 chez Prudhomme à Grenoble, c’est un ouvrage ni écrit ni édité par des Ardéchois mais par des Dauphinois. L’auteur, Albert Du Boys (1804-1889), fils d'un conseiller au Parlement de Grenoble, est plus connu comme auteur dauphinois, car le Vivarais est en face de la province du Dauphiné. Quant à l’illustrateur, Victor-Désiré Cassien (1809-1893), en-dehors d'un séjour à Marseille de 1840 à 1862, il est également un Dauphinois qui se rendit célèbre comme graveur, dessinateur et lithographe.
Loin des fiefs connus de Tournon ou Rochebonne, cet album nous emmène dans les contrées profondes du Vivarais, à la Roche-Péandre, à Aps, au Château de Pourcheirolles, à la Gueule d'Enfer, à l'Echelle du roi ou au lac d'Yssarlès. Les auteurs précisent qu'ils ont « donc moins fouillé les procès-verbaux et les archives du moyen âge, qu'ils n'ont été recueillir des traditions aux lieux mêmes où ils ont dessiné des sites. Ils ont peu recherché les manuscrits poudreux ; mais ils ont curieusement interrogé les souvenirs locaux, et ils y ont quelquefois trouvé d'intéressantes révélations sur la physionomie particulière du Vivarais dans les siècles passés. » Dans la lignée des Voyages Pittoresques dans l'Ancienne France du Baron Taylor, cet ouvrage fort complet allie l'érudition folklorique à la beauté des gravures pleine page qui illustrent chaque chapitre. On peut lire dans la préface « Si nous ne pouvons pas arrêter le marteau des démolisseurs, dont la spéculation et le faux goût ne cessent d'activer les ravages, au moins fixons sur le papier ce qui reste encore de l'architecture des anciens temps dans notre France moderne, si oublieuse ou si ignorante de ses propres richesses. »
Au fil des pages, nous vous invitons à visiter trois sites :
Annonay, ses collines, ses mégisseries le long de la Deûme. Au-dessus du bord de cette rivière et en face du château, s'élèvent les rochers de Saint-Germain.
« En arrivant à Annonay par cette route, on voit sur sa droite, au bas d'une gorge riante, la magnifique papeterie de M. de Canson, qui a porté à un si haut degré de perfectionnement cette branche d'industrie commerciale. Cet établissement peut servir de modèle dans son genre. Malheureusement ce n'est pas de ce côté que la ville se présente le mieux ; mais si l'on vient, comme je l'ai fait une fois, par la route de Tournon, Annonay se découvre du pont de la Canse, assise en amphithéâtre sur ses deux collines, avec son clocher élancé de Trachi, et son château perché sur plusieurs étages de rues et de maisons. Il est fâcheux que ce château ait perdu, non-seulement sa couronne de créneaux, mais même tout vestige de style féodal. »
La grotte de Saint-Marcel, découverte depuis peu, elle fascine l’auteur :
« Ce vaste souterrain, que nous mîmes plus de cinq heures à parcourir, n'offre pas beaucoup d'humidité dans le sol qui lui sert de base ; on y a fait de nombreuses dévastations, et la dernière salle ressemble aujourd'hui à ces temples ruinés de Sélinontc ou de Thèbes, qui jonchent le sol de leurs débris. Le vandalisme des hommes n'épargne guère plus les monuments de la nature que ceux de l'art les uns par fanatisme, les autres par une curiosité barbare, semblent avoir juré la destruction de tout ce qui est digne d'admiration par l'ensemble et la proportion de ses formes. Nous avons eu le bonheur de pénétrer des premiers dans ce sanctuaire gardé si longtemps par l'Ignorance même où on était de son existence nous avons compris comment l'architecture de nos vieilles cathédrales avait trouvé, dans ces souterrains humides et mystérieux, le type primitif de ses fantaisies bizarres et grandioses… »
La Voulte, cité au bord du Rhône, dominée par son château. En 1842, c’est déjà une ville industrielle avec ses fonderies, que l’on voit bien à droite.
« […] en remontant de Saint-Laurent-du-Pape à la Voulte, nous retrouvâmes avec délices l'aspect du Rhône et des Alpes : puis notre curiosité de voyageur s'éveilla vivement quand nous aperçûmes un immense château féodal, qui était encore presque entièrement debout ; et, à côté de cet antique monument du moyen âge, une grande et belle usine, où l'on forge du fer, et qui vomit des flammes et de la fumée par les bouches toujours ouvertes de quatre hauts fourneaux. »
Pour continuer la lecture, l’album a été numérisé par deux bibliothèques :
Par la Bibliothèque nationale de France : cliquez ici
Par la bibliothèque municipale de Lyon : cliquez là