On change d’heure ce week-end !
Du 30/03/2019 au 31/03/2019 Actualités courantes
Lors du changement d’heure, on entend souvent dans les médias que l’heure d’été a été instituée pour la première fois en 1976 suite au choc pétrolier.
C’est en 1916 qu’il est expérimenté, le Français étant un septique par nature pour ne pas dire plus.
La loi du 19 mars 1917 « ayant pour objet d’avancer l’heure légale pendant la période d’été » autorise le gouvernement par décret pendant la durée de la guerre, à opérer cette manipulation entre le 1er dimanche de mars et le 1er dimanche d’octobre.
Les motifs sont d’économiser pétrole, gaz, charbon et électricité dans un pays en guerre. Mais déjà la controverse apparaît dans la presse : « …une mesure aussi grave qui jetterait un trouble général dans la vie nationale…..pour un bénéfice reposant sur des données incertaines…. » .
Fin 1917 un premier bilan est fait. Il y a les sceptiques tels que le sous-préfet de Largentière qui juge les effets nuls, dans un arrondissement non desservi par le gaz et dont la population paysanne se lève et se couche avec le soleil. Le commissaire de Privas note que la ville n’étant ni industrielle ni commerciale, les commerces sont de toute façon fermés à 9 H le soir. Le sous-préfet de Tournon plus malin, parle de méthodologie pour enquêter et ne répond pas.
Dans le clan des « pour » le commissaire d’Aubenas relève que la mesure oblige l’ouvrier à se lever tôt, et après le dur labeur à se coucher tôt, d’où une économie, même s’il peut être tenté d’aller au café après le travail au lieu de son jardin. Le président de la chambre de commerce relève les économies d’énergie faites. Lui aussi souligne que l’ouvrier peut vaquer plus longtemps à des « soins agricoles » ou à jouir de la vie de famille tout cela pour une bonne hygiène physique et mentale. Enfin le pragmatique ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, explique que les cantonniers ne travaillant qu’avec la lueur du jour, le changement d’heure n’a aucune influence sur les travaux.
La mesure étant provisoire, après la fin des hostilités le gouvernement interroge le Conseil général. Dans sa séance du 27 septembre 1921, les élus se prononcent contre le changement d’heure et le retour à l’heure d’hiver. Mais en 1922, le conseiller général de Rochemaure, Raoul Sauzet, soumet un vœu à l’assemblée départementale. Constatant que « …l’heure d’été présente, tout au moins dans les agglomérations de quelque importance, de sérieux avantages tant au point de vue économique qu’hygiénique […] que les agriculteurs n’y semblent pas si opposés… », il demande qu’une enquête soit réalisée auprès des communes pour le maintien ou la suppression de l’heure d’été.
Il ne semble pas que l’avis et le vœu du conseil général aient été suivis d’effet puisque le système perdure jusqu’en 1940, date à laquelle les Allemands mettent tout le monde d’accord en imposant « l’heure de Berlin ».
A la Libération, après une tentative de rétablissement, l’heure d’été est finalement abandonnée jusqu’à son rétablissement en 1976. Mais pour combien de temps ?
Moralité : notre mémoire nous trahissant quelque peu, on a toujours besoin d’archives !