Élisabeth  Jalaguier est née à Nîmes le 4 septembre 1890.

Elle passe sa jeunesse à Vallon d’où est originaire sa famille maternelle. Son père Henri est un ancien officier dont les services ont été récompensés par la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Il épouse en 1885 Mathilde Françoise Julie Boissy d’Anglas et le couple a trois enfants : Marie, Élisabeth et Paul.

 

 

 Article paru dans La Croix de l’Ardèche, 30 septembre 1918 (PER 2 13)

 

Dès le début de la guerre, Élisabeth, qui a reçu une formation à la Croix-Rouge, offre son aide de bénévole auprès du service de Santé des armées. Elle sert comme infirmière militaire dans diverses ambulances de campagne proches du front.

En 1918, elle se trouve à Pierrefonds dans l’Oise dans une ambulance chirurgicale installée dans le parc de l’ancien Hôtel des Bains où des baraquements accueillent les blessés. Dans la nuit du 20 août, lors d’une attaque allemande, alors qu’Élisabeth est auprès des blessés, une bombe explose près du baraquement où elle se trouve. Elle est tuée ainsi que plusieurs autres blessés. Sa mort suscite une vive émotion et une pierre blanche est déposée à l’endroit de son décès.

Elle est d’abord inhumée au cimetière civil de Pierrefonds avant d’être transférée en 1974 au cimetière militaire. Sa tombe porte l’inscription « Morte pour la France ».
L’infirmière est citée chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume par arrêté ministériel du 30 mai 1919 par Georges Clemenceau. L’arrêté est publié au Journal Officiel du 5 juin 1919 et pris sur le rapport du ministre de la Guerre : « [En qualité] d’infirmière militaire, titulaire de 2e classe : animée du plus bel esprit de sacrifice et du plus pur idéal patriotique. Tuée à son poste, dans la nuit du 20 août 1918, au milieu de ses blessés qu’elle réconfortait par sa présence et ses soins au cours d’un bombardement aérien. A été citée. »

Elle est également citée à l’ordre de l’Armée : « Infirmière qui, depuis plus de deux ans de séjour ininterrompu au front a donné le plus bel exemple de dévouement et de courage pendant les nombreux bombardements auxquels elle a été soumise (Gailly, Bouleuse, Froidos, Soissons, Vicence, Pierrefonds). Le 20 août, au cours d’un bombardement particulièrement violent, a continué à faire preuve du plus parfait mépris du danger et du plus bel idéal. Tuée à son poste au milieu de ses blessés qu’elle cherchait à rassurer. »

Au lendemain de la guerre, un monument « à la gloire des infirmières et alliées victimes de leur dévouement » est érigé à Reims. Il est financé par une souscription internationale lancée par un comité d’honneur fondé par la romancière Juliette Adam, et dont le secrétaire général était Auguste Mazure. Il est inauguré en 1924 et rend hommage à toutes les femmes qui ont, au péril de leur vie, porté secours aux soldats blessés sur tous les fronts de la guerre 1914-1918. On peut lire une inscription sur le monument : « La Ville de Reims garde pieusement en ses archives le Livre d’Or des nobles femmes tombées au champ d’honneur ». Ce Livre d’Or, après avoir été en possession des archives de la Croix-Rouge, a été remis à la ville de Reims en 2005 et est conservé aux Archives municipales et communautaires de Reims. Le nom de Jalaguier figure dans ce livre.

Lorsque la commune de Vallon décide d’ériger le monument aux morts, Élisabeth y figure en première place. Lors de la cérémonie inaugurale en 1923, deux jeunes filles vêtues de blanc s’approchent. L’une d’elle appelle à haute voix le premier nom inscrit sur la pierre, celui d’Élisabeth Jalaguier, l’autre répond « Morte pour la France ».

 

 Le monument aux morts de Vallon-Pont-d’Arc, photographies, Éric Penot, 2018.

Elle apparaît aussi sur le monument aux morts de Nîmes, inauguré en 1924.

En 1934, une souscription est lancée pour l’érection d’un monument à Pierrefonds, à l’endroit où elle a été tuée. Inauguré le 5 juin 1955 devant une foule d’anciens combattants et d’infirmières de guerre, il est dédié aux infirmières de la Grande Guerre, comme l’indique l’inscription « In Mémoriam. Gloire aux infirmières militaires françaises » et l’attribut figuratif représente la Vierge recueillant dans ses bras une infirmière. Mais il rend aussi hommage à Élisabeth Jalaguier puisqu’est gravée sur sa partie droite la citation de Georges Clemenceau. En 1996, le monument est rétrocédé à la ville et restauré.

En 2009, un espace social « Élisabeth Jalaguier » est inauguré à Vallon-Pont-d’Arc.

Fiche "mort pour la France" de Elisabeth Jalaguier.