Un atlas de la châtaigne

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La chambre d’agriculture

Organisme consulaire fondé en France par la Loi du 3 janvier 1924, la chambre d’agriculture est chargée de représenter l'ensemble des différents agents économiques de l'agriculture : exploitants agricoles, mais aussi propriétaires, salariés, et organisations agricoles telles que les mutualités, coopératives, crédits et syndicats à vocation générale ainsi que d'accompagner les exploitants agricoles dans leur développement. Cet établissement fait régulièrement des versements aux Archives départementales.

 

L’auteur de la monographie

Aimée Antoinette Camus (1er mai 1879 – 17 avril 1965) est une botaniste et agrostologue française. Spécialiste de l'étude des orchidées, des graminées, de l'anatomie végétale, de la botanique appliquée (riz d'Indochine et bambous) mais également spécialiste de l'étude des arbres et arbrisseaux (saules, cyprès, châtaigniers), elle est l'auteur d'une monographie unique sur le chêne quercus en sept volumes publiée entre 1939 et 1954. À partir de 1922, elle a collaboré pendant plus de 30 ans avec le muséum d'Histoire naturelle de Paris. Ses publications font partie des collections du musée qui doit une partie de sa notoriété et de son rayonnement aux travaux de cette botaniste. Elle a été deux fois lauréate de l'Institut (Académie des sciences) en 1906 et en 1930. Elle est faite chevalier de la Légion d'honneur en 1936.

 

Importance du châtaignier en Ardèche

Le développement de la culture du châtaignier en Ardèche date environ du 13eème siècle, les châtaigneraies sont alors greffées pour sélectionner les variétés les plus intéressantes. La châtaigne sert de base à l'alimentation des hommes, c’est pourquoi le châtaignier est surnommé "l'arbre à pain1". L'âge d'or se situe aux alentours de 1860 où 58 000 ha de châtaigneraies produisent 40 000 tonnes de châtaignes. À partir du 17e siècle, des marchés spécialisés dans la châtaigne apparaissent dans les principaux bourgs de la région : Joyeuse, Les Vans, Saint-Sauveur-de-Montagut, Vesseaux. Les revendeurs des villes venaient viennent s’y approvisionner. Les grosses châtaignes sont exportées au moins dès le 14e siècle dans les principales villes du sud de la France. L’arrivée du chemin de fer accélère le mouvement. En 1897, la seule gare de Lamastre expédie 1714 tonnes de châtaignes. Après avoir nourri la population pendant plus de 1000 ans, le châtaignier commence à être délaissé dès la fin du 18e siècle. La châtaigneraie ardéchoise est alors menacée de disparition, passant de 60 000 hectares en 1870 à 6000 hectares en 1960 et ce, pour plusieurs raisons.

Dès 1870, le déclin démographique et l’exode rural réduit la surface de châtaigneraie cultivée. En 1875, arrive en Ardèche la maladie de l’encre qui décime les plantations. Elle est due à un champignon microscopique, le phytophtora qui se développe sur les racines de l’arbre et les détruit. Lorsque la sève malade s’écoule de l’arbre par les lésions, elle s’oxyde à l’air et prend une couleur noire, d’où le nom de la maladie. De plus, la culture des mûriers pour l’élevage du ver à soie supplante partiellement la châtaigne en particulier parce que la paysannerie « enrichie » par la sériciculture importe des céréales qui supplante petit à petit la châtaigne dans l’alimentation quotidienne. Enfin dans les années 1820, les industriels lyonnais découvrent que les tanins du châtaignier permettent de teindre la soie en noir.; À partir de 1890, cinq usines d’extraction du tanin s’ouvrent en Ardèche. Il devient plus rentable d’abattre les arbres pour extraire le tannin que les cultiver pour leur fruit : abattre un hectare de châtaigniers rapporte 7 fois plus que l’exploitation des fruits. En 50 ans la châtaigneraie ardéchoise recule de plus de 20 000 hectares (1 million d’arbres sont abattus).

Après-guerre, le marché du fruit évolue. Les producteurs doivent fournir des volumes plus importants à des grossistes et des exportateurs. Pour faire face à cette nouvelle demande, le secteur de la châtaigne doit s’organiser : c’est l’apparition des coopératives qui utilisent des moyens techniques plus performants (chambres froides, chaîne de tri, d’ensachage et de conditionnement...). Les marchés traditionnels disparaissent peu à peu. En parallèle, le marron glacé connu sur la table des princes du 17e siècle devient un produit de fête à la fin du 19e et contribue également à freiner un peu le déclin de la production.

Aujourd'hui, l’Ardèche est le premier producteur de châtaignes avec une production de 5 000 tonnes par an soit la moitié de la production française.

 

L'atlas est conservé dans les collections de la bibliothèque patrimoniale sous la cote BIB-F 545 et est consultable en salle de lecture. Voir la notice.

 

1C’est en 1842 que le colonel Dumas lance l’expression qui deviendra célèbre d’« arbre à pain ».