Le certificat d'étude

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Le certificat d’études fait sa première apparition sous le Second Empire, le 20 août 1866, dans une circulaire rédigée par Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique. Celui-ci recommande aux inspecteurs d’académie « d’organiser un certificat d’études primaires destiné aux élèves qui auraient subi avec succès un examen portant au moins sur l’enseignement obligatoire », c’est-à-dire la lecture, l’écriture, l’orthographe, le calcul et le système métrique.

 Préoccupé par l’analphabétisme, Victor Duruy oblige alors toutes les communes de plus de 500 habitants à créer une école de filles ; mais il ne parvient pas à convaincre Napoléon III de rendre l’instruction publique et le certificat d’études primaires qu’il vient de créer, obligatoires.

Le 16 juin 1880, sous la IIIe République, un arrêté sur l’examen du certificat d’études est fixé par Jules Ferry, suivi le 28 mars 1882 par la loi sur l’enseignement primaire obligatoire : le certificat d’études primaires « décerné après un examen public, auquel pourront se présenter les enfants dès l’âge de onze ans » est institué. Il s’agit d’encourager l’assiduité à l’école et de normaliser les conditions d’acquisition du diplôme de manière à ce qu’il devienne « recherché et obtenu par tout élève qui aura fait de sept à quatorze ans des études primaires régulières et complètes ».

La préparation à l’examen est confiée aux instituteurs avec la mission d’instruire les écoliers en leur enseignant, non seulement la lecture, l’écriture, la grammaire, le calcul, les leçons de choses mais aussi le chant et les fables de La Fontaine, la morale et le dévouement à la patrie, l’histoire et la géographie.

Des commissions cantonales sont nommées par les recteurs, sur proposition des inspecteurs d'académie, pour juger de l'aptitude des aspirants. Elles se réunissent chaque année, soit au chef-lieu de canton, soit dans une commune centrale désignée à cet effet. L'inspecteur primaire du ressort en est président de droit. Le procès-verbal de l'examen est ensuite transmis à l'inspecteur d'académie qui, après avoir vérifié la régularité des opérations, délivre, s'il y a lieu, le certificat d'études.

Aux Archives départementales, les procès-verbaux de l’examen des aspirants aux certificats d’études sont conservés sur près de cent ans, de 1898 à 1984 (cotes 1 T 1056 à 1065 et 2072 W 36 à 48).

Suivant les années, garçons et filles sont ou non mélangés sur les mêmes listes. Plusieurs sessions peuvent être organisées dans la même année, mais la principale session se tient en juin ou juillet ; une seconde intervient en septembre ou octobre dans le canton ou, exceptionnellement, au chef-lieu d’arrondissement. Des sessions particulières peuvent être organisées pour des adultes jusqu’à 20 ans et des militaires de carrière.

Dans l’esprit de la loi Jules Ferry, la grande majorité des élèves quittant l’école obligatoire est censée obtenir ce diplôme. Mais en pratique, le niveau des épreuves rend cet examen particulièrement difficile, et les instituteurs et institutrices ne présentent aux épreuves que leurs meilleurs élèves. Les épreuves varient au fil du temps, mêlant écrits (avec le socle formé par la dictée et le calcul), oraux (avec lecture ou récitation) et épreuves pratiques (différentes pour les garçons et les filles).

Jusqu'en 1900, la proportion d'élèves sortant de l'école primaire avec le diplôme est d'environ 25 à 30 %. Cette proportion se hisse jusqu'à 35 % vers 1920 et atteint 50 % à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Le prolongement de la scolarité obligatoire à 14 ans (en 1936) puis à 16 ans (en 1959) ainsi que la mise en place du collège unique en 1975 concourent à la disparition progressive du certificat d’étude. En 1972, il ne s’adresse plus qu’aux adultes. Il est officiellement supprimé par le décret du 28 août 1989.